Réseaux sociaux et Télé réalité : Pourquoi sommes-nous accros ?

Réseaux sociaux et Télé réalité :  Pourquoi sommes-nous accros ?

La télé réalité, et la presse people, jadis honnis, ont aujourd’hui une place de choix dans le paysage médiatique des sociétés occidentales. Et les réseaux sociaux ont envahi internet en quelques années.
Ainsi, la vie privée s’étale, se contemple et passionne. Comment expliquer une telle appétence pour l’intimité des autres ? Psychanalyse d’un succès éblouissant...


 


Facebook, instagram, star academy, l’amour est dans le pré, toutes ces îles de tentations squattent les écrans et les discussions de cours d’école ou de bureau. L’intérêt de ces contenus est assez pauvre à première vue, pourtant ils suscitent un engouement indéniable. Leur point commun est de faire de l’exposition de la vie privée d’anonymes un fond de commerce juteux. Evidemment, la presse people ou les reportages divulguant l’intimité des célébrités, en font de même pour les stars. Le participant, inconnu ou non, veut se montrer et le spectateur aime le regarder. Pour le psychanalyste cela porte un nom. Vouloir être vu dans son intimité s’appelle l’exhibitionnisme, et se passionner pour ce genre de spectacle se nomme voyeurisme. Le couple pulsionnel exhibitionnisme – voyeurisme est ainsi la clef de voûte de cet édifice médiatique. Ces pulsions sont normalement présentes dans le psychisme de chacun, elles sont tantôt assouvies, tantôt jugées honteuses et condamnées par la part morale de l’inconscient, le surmoi.


Ainsi l’enfant, ou l’acteur, qui se donne en spectacle devant un parent ou un public, satisfait sans honte une pulsion exhibitionniste. De même le lecteur d’une autobiographie, ou le badaud admirant les passantes, apaise sereinement son voyeurisme. Pour autant, cet enfant, cet acteur, ce lecteur ou ce badaud, assumant leur pulsionnalité, ne sont pas des pervers !


 


Alors à quel moment notre envie de voir et d’être vu dépasse-t-elle les bornes ?



La perversion en psychiatrie ne se définit pas par la présence d’une pulsion, encore une fois cela est naturel, mais par sa puissance, et le besoin impérieux de l’assouvir. Le psychisme est sans cesse aux prises avec des conflits internes, des envies inconscientes auxquelles s’opposent des interdits. Il s’agit donc d’une bataille, d’un rapport de force entre l’intensité de la pulsion et la force d’une motion de censure interne. Ainsi tout ce qui nourrira la pulsion la rendra plus forte, et ce qui la déculpabilisera la rapprochera irrémédiablement d’une réalisation. Et c’est précisément de cette manière que les médias opèrent. La télé, la presse ou internet, gave le téléspectateur d’images et d’informations excitantes, tout en lui répétant que son intérêt est sain puisque partagé par des millions de personnes. Ainsi le spectateur ou le lecteur surexcité peut se ruer sans déshonneur sur sa télécommande ou son smartphone. Le succès est alors exponentiel, plus il y a de contenus plus le voyeurisme est chauffé, et moins le voyeur se sent isolé et honteux ! Le pervers est seul avec son plaisir, l’autre n’est qu’un instrument de jouissance (un sextoy !), une chose, il n’y a point de partage. Ainsi l’exhibitionniste n’a que faire de ceux qui le regardent, et le voyeur ne se soucie guère des sentiments de ses proies.


 


Dans la presse people la vie des stars est jetée en pâture aux désirs des lecteurs, quoiqu’il en coute à la célébrité ou à sa famille ; il n’est pas question d’amour, mais de masturbation sur l’autre ! Le people consentant est lui aussi dans une perversion, car il veut être vu par tous, donc personne en particulier, il ne veut pas leur faire du bien, mais jouir sous leur yeux, le regard du peuple est son support masturbatoire.
Cependant, il serait simpliste et malhonnête de jeter la responsabilité de nos dérives perverses sur les médias. Nous pouvons détourner un produit de sa vocation première à des fins voyeuristes ou exhibitionnistes, sans l’aide de quelconques marchands !


 


Les blogs internet, youtube et les réseaux sociaux en sont de parfaits exemples. Facebook permet de retrouver des amis et d’échanger rapidement des informations avec ses proches.Pour autant, ce sont des applications secondaires qui rencontrent le plus grand succès. L’internaute exhibe son intimité à travers des photos personnelles ou une mise à jour régulière de son statut, informant la planète de sa situation amoureuse et de son activité quotidienne. Et, directement sur son ordinateur ou son iphone, « l’ami » immédiatement prévenu par une « alerte », n’en perd pas une miette !


Le couple exhibitionnisme – voyeurisme est, ainsi, excité et satisfait en permanence… Problème : l’énergie psychique, nourriture vitale de nos pulsions et de nos actes, n’est pas infinie. 


Le surinvestissement d’un fantasme se fait, alors, au prix du désinvestissement d’autres opérations psychiques. A titre d’exemple, lorsque vous êtes amoureux le reste du monde paraît sans intérêt. Ainsi, cette idylle perverse voyeuriste se vit indiscutablement au détriment des autres passions, rêves ou projets épanouissants… Alors, pour une fois, espérons que l’histoire d’ « amour » entre la société et le couple voyeurisme – exhibitionnisme ne dure pas, et puisse de nouveau laisser place à des investissements psychiques plus constructifs !  


Pour en savoir plus sur le danger des écrans, retrouvez nos articles :
"Ecrans et addictions", par le Dr.SEZNEC.


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