Le décrochage scolaire est un motif fréquent de consultation de pédopsychiatrie, surtout à l'adolescence. En primaire, la plupart des enfants sont plutôt bons élèves. Puis, à l'adolescence, à la puberté, on voit rapidement le nuancier s'élargir. Des enfants fonctionnent très bien scolairement et d'autres sont en très grande difficulté.
Que se passe-t-il ? Le QI de ses enfants n’a pas changé. C’est plutôt le psychisme qui est mis à l'épreuve par l'adolescence, et par les nouvelles demandes de la scolarité, plus dures sur le plan de la performance et plus violentes sur le plan relationnel.
Pour ce qui est de la performance, en primaire il n’y a pas de classement, peu de matières et une seule maîtresse, parfois deux. Lorsqu’on arrive au collège, quand on devient adolescent, chaque professeur a ses exigences, chaque professeur a ses têtes, chaque professeur rajoute des devoirs (il y en a davantage, c'est plus dur). Et donc l’enfant va devoir se faire à l'idée que 12 en 6ème vaut peut-être le 18 du cm2.
Cette transition se passe correctement pour beaucoup d'enfants mais pour certains, qui sont fragiles sur le plan de l'amour-propre, c'est insupportable. Au lieu de cravacher dur pour obtenir le 18, ceux-là vont se braquer : “Je ne veux même pas du 12, garde-le, ton 12, mais je vais rien faire du tout. Je vais avoir zéro.”
Très souvent, le décrochage scolaire à l'adolescence est lié à un échec qui peut être très relatif, mais que l’enfant va, lui, dramatiser inconsciemment. Pour ne pas se déprimer, il va ainsi rejeter globalement la scolarité.
Les autres causes de décrochage scolaire reposent sur des éléments beaucoup plus affectifs et relationnels. Dans ces situations, il faut se poser la question de ce qui se passe dans la famille : est ce qu'il y a des choses qui préoccupent l’enfant au point de perturber sa concentration et sa capacité d'apprentissage ? On sait bien ce qui se passe dans notre famille, même si on ne veut pas le voir. On sait si l'ambiance est exécrable, si on se dispute beaucoup, si on s’aime moins, si on a des relations de moins bonne qualité avec nos enfants. Il faut y travailler, y remédier c'est ce qui est le plus important.
Et puis il y a le champ relationnel chez les adolescents. Il se passe beaucoup de choses : c'est l'entrée dans la sexualité, du moins psychique. Les trois quarts des adolescents n'ont pas de petit copain ou copine, ni de rapport sexuel, mais ils y pensent, se moquent les uns des autres et se comparent les uns aux autres.
Pour beaucoup c'est un peu difficile mais pour celui qui est un peu fragile, ça peut être la vanne de trop, la difficulté de trop. Tout à coup, tout ce qui se joue à l’école devient “un peu trop”, alors l’enfant trouve plus confortable de tout rejeter en bloc. Cette position de refus peut donner l'impression à l’adolescent d'être fort, plutôt qu'une position déprimée, dans laquelle il se plaindrait, avouerait aux autres qu’il est en difficulté
Le rôle du parent et le rôle du pédopsy, est de dire : c'est normal d'être en difficulté, moi aussi j'ai pu être en difficulté, on peut tous être en difficulté. Être fort, ce n’est pas de ne jamais être en difficulté. Au contraire, être fort c'est tomber puis se relever, et on va le faire ensemble.
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