Le redoublement en question

Le redoublement en question

« Mon enfant doit-il redoubler ? » Redoubler, une mauvaise idée ou une chance pour l'avenir ?


 
Le redoublement est devenu exceptionnel dans le parcours scolaire d’un enfant et cela quelque soit son niveau. Jadis fréquent et sanctionnant une année scolaire insuffisamment productive, le redoublement est aujourd’hui quasi « hors la loi », par la volonté commune des pouvoirs publics et de nombreux parents. Les politiques avancent des études montrant que l’écrasante majorité des redoublements ne sont pas profitables pour la suite de la scolarité de l’élève, les parents craignant pour l’amour propre de leur enfant le perçoivent comme une catastrophe, et bien entendu les enfants le rejettent de toute leur force.

Alors si tout le monde est d’accord pourquoi discuter ? Peut-être parce que les enfants en difficultés scolaires continuent de s’enfoncer et de souffrir, sans qu’on leur propose la moindre solution...

Peut-être parce que le déni d’un trop grand retard scolaire, et l’aveuglement face aux évidences même désagréables, ne règlent pas les problèmes... Un enfant en difficulté scolaire pour diverses raisons (émotionnelles, capacités d’apprentissages, capacités de concentrations, intellectuelles...) ne va pas pouvoir acquérir l’ensemble des connaissances requises, et plus embêtant pour la suite, il va laisser des « trous » dans ses fondations, souffrir de lacunes, et donc se trouver très fortement handicapé pour construire les étages supérieurs, c’est à dire bénéficier des apprentissages de la classe suivante.

La scolarité doit apporter des choses à l’enfant, pas uniquement lui imposer labeur, inquiétude et obligation de performance. Au delà des mauvaises notes, l’élève en difficultés ne profite pas de sa scolarité. De plus il entre dans un cercle vicieux négatif sur son estime de lui même et sur la perception de ses compétences intellectuelles. Les performances scolaires sont associées dans l’esprit de tous à l’intelligence. Cela est faux, on peut être brillant et rater totalement ses études, comme on peut être abruti et performer au delà de toutes espérances ! La plupart des élèves en difficultés ne le sont pas par carence intellectuelle. Mais ils le vivent comme tel. A force d’enchainer les mauvaises notes et de voir leurs camarades toujours mieux placés, ils développent un complexe intellectuel et un sentiment d’humiliation.

La plupart du temps pour échapper à cette vexation profonde, ils se désintéressent de la scolarité, refusent les efforts, et même la rejettent avec défiance pour restaurer leur sensation de puissance. « C’est pas moi qui suis nul, c’est moi qui n’en veut pas qui trouve cela inutile et qui le refuse ! »... Passer en classe supérieure après une année insuffisante, c’est à dire n’ayant pas permis d’acquérir les bases des matières fondamentales (français mathématiques), promet une rentrée douloureuse rimant rapidement avec échec et décrochage. Bien entendu si les bases sont acquises et que les résultats dénotent simplement d’un manque de travail de consolidation, cela est rattrapable, mais il faudra en plus de « se motiver » comprendre les raisons profondes de la paresse de l’enfant...

Le redoublement est en réalité une chance pour l’enfant en difficulté. Mais s’il s avère si souvent inefficace, c’est parce qu’il arrive trop tard et que l’enfant et l’entourage ne savent pas s’en saisir positivement. Les études ministérielles ne sont pas truquées, mais elles jugent des redoublements qui pour l’écrasante majorité arrivent après des années de difficultés et l’accumulation de trop grandes lacunes. Loin de la classique ritournelle parentale « je préfère qu’il redouble le plus tard possible » : le redoublement est profitable s’il est précoce ! L’enfant et encore plus l’adolescent vit comme une humiliation l’éventualité d’un redoublement. Cette représentation catastrophique lui a été bien soufflé par les parents et une société pressé et obnubilé par la performance plus que par le sens et l’épanouissement sur le long cours. Le court terme domine le moyen et le long terme dans les têtes, et c’est pourtant précisément à l’opposé de ce qui est nécessaire au bon développement d’un enfant !

Il faut dédramatiser le redoublement avec son enfant, et dans sa propre tête de parent. Il faut le percevoir comme une nouvelle chance, comme une temporalité parfois nécessaire. Je ne vous ferai pas l’affront d’argumenter le peu d’intérêt d’arriver au bac à 17ans plutôt qu’à 18... L’enfant doit avoir le temps de reprendre les bases, de faire une année sereine, et de régler ses difficultés scolaires et extrascolaires avec l’aide des adultes. Lorsque ces éléments sont réunis, l’enfant accepte mieux les choses et s’adapte progressivement à sa nouvelle classe et à ses nouveaux camarades.   Il pourra alors enfin réparer son rapport à la scolarité et cesser de se voir comme un tocard promis à des études moyennes qu’il n’aura pas choisies !


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