« J’ai peur d’être malade ! » L’hypochondrie peut entraîner des angoisses terribles et quasi incalmables. D'où vient cette pathologie et que faire ?
L’hypochondrie est la certitude, ou au moins le doute effrayant et obsédant d’avoir une pathologie. Elle est différente de la nosophobie, qui est la peur d’attraper une maladie, et qui conduit l’individu à des conduites d’évitements, ou à des TOC comme les lavages de mains incessants. L’hypochondrie se construit le plus souvent sur un ressenti physique ou un petit symptôme bénin bien réel. L’individu se met à focaliser sur cet élément, et commence à imaginer être atteint d’une maladie à l’origine de cela. L’angoisse est grandissante, il cherche à se rassurer en sollicitant son entourage, puis en se documentant sur internet. Terrible erreur ! En effet, internet regorge d’informations de qualités très inégales, allant du forum entre particuliers échangeant des avis sans intérêts ni fondements médicaux, aux contenus universitaires très sérieux et complets, mais absolument pas à la portée du grand public ! Ainsi, la recherche sur internet se solde le plus souvent par la lecture d’une maladie qui pourrait vaguement « coller » à nos symptômes, et nous voilà encore plus angoissé qu’avant ! Si j’ai un petit ganglion dans le cou, je vais lire que 99 % du temps, cela est normal et bénin. Mais je vais bien entendu croiser l’information qu’il peut s’agir d’un élément d’une maladie grave comme une leucémie ou un lymphome. Vais- je m’endormir apaisé par les 99% ou terrifié par les 1% ?Aucun doute sur la réponse, la peur est toujours la plus forte ! Alors d’où vient cette hypochondrie et comment la combattre? L’hypochondrie est le plus souvent l’expression inconsciente d’une angoisse forte ou d’un conflit psychique. Concrètement, au lieu de me stresser consciemment pour un vrai problème dans ma vie, je vais me focaliser sur une pathologie physique supposée.
Mon inconscient opère un déplacement, comme dans les phobies. Cependant, il ne s’agit pas du déplacement de n’importe quel conflit, ou angoisse ! Il est question de sujets qui nous font « honte ». De pensées inconscientes, de débats internes qui heurtent une part de nous même, qui opposent le plus souvent un désir à la morale.
Ainsi, les hypochondries se déclenchent le plus souvent à l’adolescence, lorsque la sexualité envahit le psychisme et met mal à l’aise notre bonne morale judéo-chrétienne. « Je vais être puni dans mon corps par une maladie, de mes désirs honteux, et surtout des désirs de mon corps » ! La culpabilité de l’individu face à ses désirs sexuels ou agressifs à l’égard d’un autre va le punir en lui envoyant une maladie imaginaire ! De nombreux adolescents arrivent en consultation, débordés d’angoisses hypochondriaques, alors qu’ils débutent leur puberté et les activités qui vont avec comme la masturbation par exemple... L’hypochondrie est donc surtout l’affaire de la culpabilité. « Que penseraient mes parents s’ils savaient ? »... Un patient peut croire qu’il a une tumeur au cerveau, pour inconsciemment se punir des ses mauvaises pensées...dans son cerveau...
Que l’on s’entende bien :
- l’hypochondriaque n’est pas un obsédé refoulé ni un tueur en série contrarié !
- ce n’est pas l’excès de désir son problème, mais la sévérité et la culpabilité avec laquelle il le vit !
En clair, il s’agit le plus souvent de gens à la morale et à la culpabilité surdimensionnée et écrasante. Ainsi, il est inutile de passer des heures à convaincre votre ado qu’il est en bonne santé si c’est lui qui est hypochondriaque, et inutile de surfer des heures sur internet en espérant trouver une réponse qui vous calme si vous êtes le « malade » !
L’hypochondriaque DOIT faire une psychothérapie s’il veut vraiment s’en sortir. C’est un travail personnel qui est très bénéfique. La dimension relationnelle de ce symptôme (demande de réassurance, visites fréquentes chez le médecin) est un élément constant qui le rend « agréable » à une part de notre psychisme. En psychiatrie on nomme cela les bénéfices secondaires. En pratique, si on enchaîne les paniques hypochondriaques, on va voir son médecin pour être rassuré une fois objectivement, puis on enchaîne immédiatement sur une psychothérapie individuelle.