La dépression survient fréquemment (de 3 à 15% de la population générale de plus de 65 ans) chez la personne âgée. Elle est sous diagnostiquée et insuffisamment traitée.
Elle peut avoir de lourdes conséquences comme des chutes, des complications somatiques voire un risque suicidaire. Un tiers des suicides concernent des patients de plus de 65 ans. Elle peut survenir de façon rapide mais est le plus souvent insidieuse, s’aggravant sur plusieurs semaines voire plusieurs mois. La dépression fait souvent suite à une perte. On recherche un ou des facteurs favorisant qui peuvent avoir l’air anodin : deuil d’un membre de la famille, d’un ami ou d’un animal de compagnie, déménagement, dégât des eaux, problème physique, hospitalisation, départ d’un enfant ou petit enfant à l’étranger, douleurs prolongées, dispute importante… On recherchera également une prise de médicament inducteur de dépression ou une maladie sous-jacente qui pourrait la favoriser. Une évaluation physique sera donc indispensable. Le diagnostic de dépression doit être envisagé lorsqu’on retrouve une rupture dans le fonctionnement habituel évoluant depuis plusieurs semaines. On cherche un ralentissement, moins ou pas de plaisir à faire les choses, une perte d’appétit, des idées tristes et noires, des idées suicidaires, une auto-dévalorisation, une culpabilité, une baisse de l’autonomie avec un besoin accru d’aide, une anxiété majorée, des problèmes de sommeil à l’endormissement ou nocturnes (typiquement des réveils anxieux vers 4 heures du matin), un pessimisme de l’avenir, l’arrêt des activités, des troubles de concentration et de mémoire, une fatigue quotidienne.
Chez la personne âgée la dépression peut prendre des formes trompeuses :
- masquée souvent avec une plainte physique au premier plan,
- anxieuse avec une agitation anxieuse impossible à rassurer
- délirante avec des formes potentiellement plus grave,
- pseudo démentielle avec une plainte cognitive au premier plan,
- hostile avec une agressivité au premier plan et une opposition à tout
- catatonique, plus rare, le ralentissement est majeur, c’est une situation urgente.
Après une évaluation physique, biologique voire une imagerie cérébrale, il faut procéder à une prise en charge thérapeutique adaptée. Il faut rechercher et prévenir un risque suicidaire. La prise en charge et l’appréciation de la situation est forcément différente s’il s’agit du premier épisode, d’une rechute ou d’une récurrence.