Le Deuil pathologique chez l'enfant

Le Deuil pathologique chez l'enfant

« Comment aider mon enfant à surmonter la perte d’un proche ? » Repérer les indices d’un deuil pathologique chez l’enfant


  Les parents s’inquiètent souvent des conséquences du décès d’un proche sur leur enfant. Ils craignent qu’il en soit traumatisé, déstabilisé, et qu’il ne déclenche un jour des symptômes. Dès les premiers instants, ils épient sa réaction et cherchent à en tirer des conclusions.


Pourtant, son attitude au moment de l’annonce ou dans les jours qui suivront sera peu informative sur la qualité du deuil qu’il réalisera. Vous avez tous entendu parler des fameuses étapes du deuil chez les adultes : le déni, la colère, la tristesse puis l’acceptation du décès, se suivent chronologiquement. À l’inaugural « c’est pas possible », succèdent les « c’est pas juste », puis les larmes, et enfin la vie, de nouveau... Mais le psychisme infantile est relativement différent de celui des adultes, et vous ne verrez jamais un enfant crier au mensonge ou à l’injustice après avoir été informé de la mort d’un être cher.


 


C’est souvent dans le silence et une relative indifférence de surface qu’il accueille la nouvelle. Ainsi, il faudra attendre les semaines suivantes pour avoir des indices de sa capacité à gérer la perte. Il est rare que l’enfant verbalise ses douleurs. Dans mon cabinet je n’ai jamais entendu un jeune patient me dire : « Tu sais docteur, je ne me sens pas très bien en ce moment » !


En général, ses souffrances s’expriment plutôt à travers des symptômes, ou des comportements inadaptés. Classiquement, les troubles du sommeil sont les premiers à apparaître. L’enfant craint de se retrouver le soir dans son lit, seul face à ses angoisses, et séparé de ses parents. Il repousse le moment du coucher, se lève ou vous appelle maintes fois, et éventuellement vous rejoint en pleine nuit dans votre chambre... Il peut aussi présenter des plaintes somatiques, c’est à dire se plaindre de douleurs diverses, sans que celles ci soient la conséquence d’une maladie. Son ventre est douloureux, sa tête lui fait mal, et il sollicite, inquiet, vos bons soins. Ces symptômes sont, là encore, le fruit d’un déplacement psychique. Au lieu de souffrir consciemment de ses angoisses, ou de sa peine, il projette sur son corps la responsabilité de ses maux. Attention, il est important que vous compreniez qu’il ne simule pas, il ne s’agit pas d’un caprice ou de « cinéma ». Sans qu’il le sache, son inconscient lui propose de souffrir de son corps plutôt que de son psychisme jugé trop fragile.


 


L’enfant pense difficilement ses angoisses, il a plutôt tendance à les « dépenser », à se dépenser. En pratique, il peut s’agiter de façon inhabituelle, provoquer, faire des bêtises, et ne plus arriver à se concentrer. Le plus souvent les parents s’en rendent compte directement, ou sont sollicités par la maîtresse d’école qui perçoit un changement dans son comportement. Enfin, un enfant frappé par une perte peut développer de réelles manifestations psychiatriques, comme des angoisses à chaque séparation, des phobies, voire des obsessions. Mais ne vous alarmez pas trop vite si votre enfant présente quelques légers symptômes, cela est assez fréquent. Le plus souvent ils sont transitoires, et cèdent au bout de quelques jours ou après des explications apaisantes. Conservez votre sérénité, montrez-vous rassurant et restez simplement disponible et à son écoute. Par contre, lorsque ces manifestations s’installent dans la durée, ou s’intensifient, elles plaident en faveur d’un processus anxieux débordant, dont ses mécanismes de défense ne parviennent pas à venir à bout. Dans ce cas, vous pouvez en parler à votre médecin de famille, qui saura juger de l’opportunité d’une consultation pédopsychiatrique. Le pédopsychiatre vous recevra alors avec votre enfant, et après un temps de discussion ensemble, il tentera d’évaluer son état mental.


En général, quelques consultations suffisent à aborder les principaux enjeux psychiques, et à le soulager durablement. Cependant, les événements traumatiques mettent parfois en lumière des angoisses préexistantes chez l’enfant, des difficultés plus anciennes. Le pédopsychiatre proposera alors de débuter une psychothérapie avec lui, afin de l’accompagner vers un épanouissement plus global. Rangez vos préjugés, ce genre de prise en charge ne comporte aucun risque pour lui, bien au contraire. D’ailleurs, il n’est pas rare que le thérapeute soit amené à évoquer la pertinence d’une psychothérapie pour l’un des parents, s’il perçoit des signes de souffrance. En effet, l’état de l’enfant est souvent le reflet de celui de son entourage proche.


 


Les symptômes de l'enfant peuvent refléter ceux d'un parent effondré par la perte! Les professionnels emploient généralement l’expression d’« enfant symptôme » pour évoquer les conséquences d’une problématique parentale sur l’enfant. Sans démagogie, je dirais que bon nombre de petits patients font une psychothérapie à la place de leurs parents. Ainsi, dans votre souci louable de protéger votre progéniture, il est souhaitable que vous soyez aussi à l’écoute de vos propres difficultés. Sans forcément vous en rendre compte, vous pouvez présenter des symptômes ou des stigmates d’une trop grande souffrance psychique inconsciente.


Au delà des signes évidents de dépression, voici quelques indices qui pourraient vous mettre la puce à l’oreille : vous ne supportez plus la moindre contrariété, vous êtes rapidement excédé par votre enfant, et vous ne prenez plus de plaisir à jouer avec lui. Pour échapper à vos pensées, vous évitez de vous retrouver seul ou inactif, vous restez plus longtemps au travail et retardez votre retour à la maison. Tous ces éléments rappellent les troubles du comportement de l’enfant et son agitation psychomotrice.


Comme pour lui, mais dans un registre plus compatible avec la vie adulte, cela témoigne d’une fuite anxieuse devant le deuil et ses enjeux psychiques.
Comprenez que le décès d’un proche frappe durement l’ensemble de la famille, et que personne ne peut faire l’économie de l’élaboration de ses émotions, et de tout ce que ce drame lui renvoie...


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