Le psychisme d'un enfant n'est pas superposable au psychisme d'un adulte
On a toujours tendance à prêter notre psychisme à l'autre or l'enfant pense et vit une séparation parentale ou un divorce différemment de vous. On imagine que l'enfant ou que notre ami va réagir comme nous on aurait réagi.
On prête souvent aux enfants de grandes tristesses et pourtant on voit bien que les enfants peuvent vivre des situations très douloureuses de façon beaucoup plus simple que les adultes. On prête un grand malheur aux enfants qui vivent des drames de santé, des drames familiaux. Pourtant dans la réalité, on les voit jouer, penser à autre chose… En réalité, en respectant une certaine temporalité, leur psychisme les protège. Les enfants sont au courant du drame qui se joue mais leur psychisme découpe ce drame en petits morceaux. L’enfant ne va pas ressentir l'émotion négative, il va la garder dans l'inconscient, pour quand il sera plus grand, ou quand il sera rassuré - qu’il verra que la vie n’est pas si dure, que ça va mieux.
Les enfants pensent différemment des parents et des adultes. Ils ont une capacité à supporter des situations douloureuses de façon bien meilleure que les adultes. Dans les hôpitaux, par exemple, on ne voit pas les adultes rire, jouer aux cartes ensemble etc. Ils restent dans leur chambre, ils sont en difficulté, ils s'inquiètent beaucoup. Alors qu’un enfant, même malade avec 40 de fièvre, se précipite sur le moindre jouet dans une salle d’attente. Il va, malgré sa situation, bien mieux vivre les choses que nous, adultes, on pourrait les vivre.
C’est très important que les parents gardent cela en tête. Il arrive qu’on prête à notre enfant trop de tristesse dans certaines situations, par exemple lors de la perte d'un proche ou lors de séparations parentales. Parce qu’on imagine que l’enfant vit un grand malheur, on se montre trop empathique, au risque de lui suggérer beaucoup plus de tristesse qu'il n'en ressent réellement ! On ne nie pas, on ne banalise pas. Évidemment, on ne dit pas non plus à un enfant : “c’est cool, on divorce, ça va être super sympa !” On préfèrera dire : “Bon, ce n’est pas une très bonne nouvelle, chéri” . On dit la réalité sans rajouter de pathos. On respecte la temporalité psychique de l'enfant.