10 conseils pour faciliter l'autonomie au repas

10 conseils pour faciliter l'autonomie au repas

10 conseils pour faciliter l'autonomie au repas du patient âgé, ou atteint de maladie neurologique


par Alain Ilan ELGRABLI - psychologue clinicien


L’impact de la maladie sur l’alimentation, l’autonomie de votre proche au repas, sont des facteurs avec lesquels il est difficile de composer. Je vous propose ici quelques conseils sommaires pour faciliter le repas et pourquoi pas, en faire un temps agréable. Ces conseils sont issus des approches centrées sur la personne et plus particulièrement, de l’approche Montessori adaptée développée par Cameron Camp.


Nombre de ces conseils reposent aussi sur les mécanismes cognitifs liés à l’attention, potentiellement tous touchés par la maladie. Pour faire simple, ces mécanismes peuvent être regroupés sous trois catégories : - l’attention sélective qui correspond à la capacité de se concentrer sur un élément parmi un ensemble d’éléments (par exemple, une fourchette à côté d’autres couverts) - l’attention soutenue qui renvoie au fait de maintenir sa concentration sur quelque chose (ce qu’il y a dans son assiette par exemple) - l’attention partagée qui se rattache au fait de se concentrer de façon alternée sur plusieurs éléments (fourchette puis l’aliment dans l’assiette et ainsi de suite) et donc, de faire plusieurs choses en même temps.


Voici donc ces quelques conseils mais avant tout, gardez bien à l’esprit que votre proche est quelqu’un d’unique (il n’a d’ailleurs peut-être pas de problème spécifique à table) et c’est donc à vous qu’il incombe de déterminer quelles sont les recommandations générales ci-dessous qui peuvent convenir à son cas spécifique et lui être utiles :



1) Pensez à vous installer dans une ambiance calme, sans trop de distracteurs.
En effet, plus il y a de bruit et plus il est difficile pour votre proche de se concentrer. La télévision, le petit fond de musique d’ambiance, le bruit des couverts d’un restaurant ou d’une caféteria, etc… risquent d’empêcher votre proche de faire ce qu’il a à faire pour manger de la façon la plus autonome. Evitez donc musique et télévision et ayez conscience que les grands repas de famille des jours de fêtes ou bien les repas au restaurant aux heures de pointe, constituent tant de situations où votre proche risque de ne pas se sentir à l’aise, etc…


Bien évidemment, il ne faut pas en déduire que tout cela est perdu, il existe quand même des solutions : pour un jour de fête comme Noël, il vous est par exemple possible de faire le réveillon avec une partie de vos convives puis le repas du lendemain midi avec une autre partie de vos convives, concernant le restaurant, vous pouvez y aller pour déjeuner vers 14h afin d’éviter qu’il y ait trop de monde ou vers 18h pour dîner, etc…


Il existe aussi une exception à cette recommandation : si votre proche à toujours eu l’habitude de mettre un fond sonore ou télévisuel à table et que c’est quelque chose auquel il tient. Mieux vaut dans ce cas respecter son habitude car il sera sensible à son absence.



2) 
Dans la même logique, et toujours en lien avec le fait d’avoir des difficultés à se concentrer et gérer plusieurs éléments à la fois : Pensez à ne pas mettre trop de couverts et d’éléments à table en même temps (la petite cuillère est-elle nécessaire ? le couteau ? salière et poivrière ? Le saladier ?). A vous de voir avec votre proche, ce qui lui correspond le mieux.



3) Pensez aussi à servir les plats un à un
, là aussi, du fait de la difficulté à se concentrer sur plusieurs éléments en même temps.



4) 
Si possible, utilisez des couverts saillants et contrastés avec la nourriture. Avec l’âge et la maladie, l’acuité visuelle baisse, la perception des couleurs change et il est par exemple possible que votre proche ne puisse plus percevoir de la purée jaune pâle sur une assiette blanche. Si vous avez des couverts bleu, c’est au mieux ! A moins d’utiliser des colorants, cela ne se confondra certainement pas avec quelque chose que vous mangez.



5) 
De même, évitez d’utiliser une nappe et / ou des couverts à poids ou à motifs. Quelque chose d’uni risquera de moins perturber votre proche.



6) Mangez en face de votre proche et à un rythme plutôt lent.
 Par effet miroir, vous faciliterez  ainsi les automatismes liés à l’alimentation.



7) Parfois, le geste de mettre la main à la bouche n’est plus présent spontanément mais
 il faut parfois l’amorcer. C’est-à-dire que vous allez prendre la main de votre proche avec la fourchette pour l’aider à l’emmener à sa bouche, un peu comme pour une guidance physique. Une première amorce suffit et la suite vient tout seul. Quelques fois, des rappels verbaux en cours de repas sont nécessaires.



8) Si votre proche ne reconnaît plus ses couverts mais reste en mesure de porter son verre à sa bouche, il vous est possible de préparer de la nourriture qui peut se manger directement avec les doigts
 : des petits sandwichs de pain de mie, du poisson pané ou des bâtonnets de poulet, des crudités coupées en longueur, des tomates cerise, des petits morceaux de fromage, … tout est dans la coupe. Au travers de ce type de stimulation, il sera possible à votre proche de maintenir plus longtemps la coordination oeil-main.



9) N’oubliez pas ce qui a toujours fait le caractère et la personnalité de votre proche.
 Comme nous l’avons déjà dit, de nombreux traits de personnalité se maintiennent malgré la maladie. J’ai déjà vu certaines personnes très fragilisées par la maladie refuser de manger si on ne leur précisait pas que le repas était déjà payé, attendre que l’autre personne à table commence à manger pour s’y mettre aussi, refuser de manger avec un «bavoir» (si vous n’avez vraiment pas le choix, préférez une serviette en tissu type bandana), ne vouloir manger qu’avec une seule personne en particulier dont elle ne pouvait cependant pas prononcer le nom, etc … 



10) 
Enfin, sachez aussi que contribuer à mettre la table permet de rendre acteur et de bien initier le repas voire de l’initier tout court lorsque, pour certains, c’est devenu difficile. 


AUTEUR : ALAIN ILAN ELGRABLI, Psychologue clinicien - Docteur en Psychologie


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